Interopérabilité des bornes de recharge : de quoi parle-ton ?

Auparavant, les points de recharge n’étaient accessibles qu’aux seuls membres abonnés à un réseau ou un opérateur de recharge. Les automobilistes n’avaient pas la possibilité de se connecter sur des bornes de recharge sans avoir le bon badge.

Un arrêté mis en vigueur en 2021 résout cette problématique en rendant obligatoire l’interopérabilité entre les points de recharge.

Qu’est-ce que l’interopérabilité des bornes de recharge ?

30% des émissions de gaz à effet de serre sont issues du secteur des transports. Devant un tel constat, sortir du « tout pétrole » devient une urgence environnementale. Le développement des voitures électriques est considéré comme une solution qui permettrait de venir à bout de cette problématique d’envergure mondiale. Les politiques publiques vont dans ce sens et ont lancé une série de mesures destinées à favoriser la transition énergétique : mise en place des Zones à Faibles Émissions dans les grandes agglomérations, bonus écologiques pour l’achat de véhicules, prime ADVENIR pour financer l’installation de bornes de recharge. La recharge constitue un point crucial dans l’essor de l’électromobilité.

Or, les automobilistes font face à des soucis majeurs à ce niveau. Lorsqu’ils ont besoin de se ravitailler sur une borne de recharge ouverte au public, ils ne peuvent pas le faire s’ils ne détiennent pas le bon badge d’accès. L’État a pris conscience de cette contrainte, c’est pourquoi il a lancé le décret n° 2021-1561 du 3 décembre 2021 pour y remédier. Cette nouvelle règlementation rend obligatoire l’interopérabilité entre les bornes de recharge pour véhicules électriques. Dorénavant, les automobilistes auront accès à davantage de points de recharge qui ne seront plus réservés exclusivement aux membres abonnés du réseau ou d’un opérateur de recharge.

Les arguments qui plaident en faveur de l’interopérabilité des bornes de recharge

Cette avancée est un grand pas qui contribue à la démocratisation de la mobilité électrique faisant encore face à de nombreux freins notamment l’autonomie des véhicules, le nombre limité des bornes de recharge, leur qualité et l’interopérabilité indispensable à la recharge en itinérance. Cette recharge dite « en itinérance » est le fait de recharger son véhicule lors d’un déplacement. Les stations de recharge se trouvent dans les aires d’autoroute, les parkings publics des hôtels, commerces et restaurants ou sur la voirie publique. L’interopérabilité donne l’opportunité aux utilisateurs de pouvoir se connecter à des bornes issues d’autres réseaux par leur badge actuel sans avoir besoin de faire une inscription supplémentaire.

Unique, la facturation est prise en charge par l’opérateur attitré qui rassemble les différents paiements en cas d’utilisation d’autres réseaux. L’interopérabilité donne également l’opportunité aux opérateurs de partager plusieurs informations comme la localisation des bornes, la disponibilité en temps réel ou les coûts de la recharge. C’est une manière d’offrir davantage de transparence aux utilisateurs de voitures électriques. Actuellement, la grande majorité des opérateurs de recharge à l’instar d’Izivia, Total Énergies ou Mobilygreen propose l’interopérabilité dans leurs offres. D’autres opérateurs de mobilité comme Plug Surfing ou Chargemap ont même développé des spécialités dans le domaine des systèmes interopérables. Ces enseignes ne possèdent pas de bornes de recharge en « propre », mais ont créé des badges qui donnent accès à des milliers de points de recharge partout en Europe avec des applications mobiles qui simplifient leur localisation.

Des sanctions prévues en cas de non-respect de l’interopérabilité

Le nouveau décret de 2021 qui complète celui de 2017 a introduit une série d’amendes pour les opérateurs qui ne respectent pas ces règles d’interopérabilité. Les sanctions sont de 300 euros par borne de recharge dont l’accès à la recharge à l’acte c’est-à-dire par paiement par carte ou QR Code. Il en est de même pour la non-garantie de l’accès à la recharge en itinérance. Une amende de 300 euros est également appliquée en cas de défaut de communication des données en lien à leur localisation géographique et leurs caractéristiques techniques et suite à un défaut de communication des données dynamiques d’exploitation. Ces dispositions portent sur les infrastructures de recharge installées après le 14 janvier 2017.

Depuis juillet 2022, les institutions ont établi différents contrôles. Les sanctions sont prononcées après des discussions entre les acteurs concernés et si aucune mise en conformité n’a été effectuée dans un délai de six mois. Le décret précise les infrastructures qui ne sont pas considérées comme ouvertes au public à savoir celles qui sont installées dans une habitation privée réservée aux résidents, celles qui sont réservées à la recharge de véhicules de flottes ou sises dans une enceinte dépendant de la structure utilisatrice des véhicules ou celles qui se retrouvent dans les ateliers de maintenance et de réparation non accessibles au public.

L’interopérabilité pour abolir les freins à l’écomobilité

L’interopérabilité est à l’avantage des électromobilistes en garantissant une meilleure accessibilité à la recharge, la simplification des usages et de la flexibilité dans les déplacements électriques. Ce renforcement du maillage des bornes de recharge contribue à la réassurance des utilisateurs des véhicules électriques et à l’amélioration de l’expérience électrique. Ces derniers doivent être sûrs de pouvoir charger facilement leur auto. Pour cela, une hausse des installations de bornes de recharge a été constatée. En janvier 2023, 85 000 points de recharge étaient disponibles sur le territoire. En un an, leur nombre a augmenté de 57% en France, avec une moyenne de 127 bornes pour 100 000 habitants.

Il est à spécifier que les collectivités ou les entreprises désireuses de bénéficier de l’aide de l’État comme la subvention ADVENIR doivent assurer l’interopérabilité des bornes utilisées. Ce programme exige qu’un certificat d’interopérabilité délivré par Gireve ou Hubject, des sociétés partenaires d’ADVENIR, soit fourni à titre de justificatif pour disposer des primes dédiées aux bornes sur les parkings privés ouverts au public, sur voirie, aux deux roues sur voirie, aux stations et hubs à haute puissance ou pour la modernisation des points de recharge. Grâce au programme ADVENIR, les entreprises, collectivités ou particuliers bénéficient d’une prise en charge sur le coût des fournitures et de l’installation dans la limite de certains plafonds. Un cahier des charges strict est à respecter pour être éligible et les travaux d’installation des infrastructures doivent être confiés à des techniciens labellisés.